Lymphome non hodgkinien pulmonaire primitif à cellule T: à propos d´un cas
Etienne Atenguena, Lionel Tabola, Alain Kuaban, Berthe Mapoko, Ruth Mapenya, Paul Atangana, Paul Ndom
Corresponding author: Lionel Tabola, Hôpital Général de Yaoundé, Yaoundé, Cameroun
Received: 20 Jul 2022 - Accepted: 13 Aug 2022 - Published: 26 Sep 2022
Domain: Oncology,Pulmonology
Keywords: Lymphome non hodgkinien, cellules T, poumon, Cameroun
©Etienne Atenguena et al. PAMJ Clinical Medicine (ISSN: 2707-2797). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Etienne Atenguena et al. Lymphome non hodgkinien pulmonaire primitif à cellule T: à propos d´un cas. PAMJ Clinical Medicine. 2022;10:13. [doi: 10.11604/pamj-cm.2022.10.13.36420]
Available online at: https://www.clinical-medicine.panafrican-med-journal.com//content/article/10/13/full
Lymphome non hodgkinien pulmonaire primitif à cellule T: à propos d´un cas
Primary pulmonary T-cell non-Hodgkin's lymphoma: a case report
Etienne Atenguena1, Lionel Tabola1,&, Alain Kuaban2, Berthe Sabine Esson Mapoko3, Ruth Mapenya1, Paul Atangana4, Paul Ndom3
&Auteur correspondant
Les lymphomes pulmonaires primitifs (LPP) sont rares. Ils représentent 0,5-1% des tumeurs pulmonaires primitives. Nous rapportons un cas rare de lymphome non hodgkinien pulmonaire à cellule T chez une patiente de 69 ans sans antécédent particulier. Elle se plaignait de toux et de dyspnée évoluant depuis 10 semaines. Après un scanner thoracique, une biopsie bronchique avait été réalisée lors d´une l´endoscopie bronchique. Les résultats de l´histopathologie et de l´immunohistochimie confirmaient la présence d´un lymphome pulmonaire à cellule T. Les LPP à cellules T bien que rares, sont présents au Cameroun et sont agressifs et de mauvais pronostic.
Primary pulmonary lymphomas (PPL) are rare. They account for 0.5-1% of primary lung tumors. We here report a rare case of pulmonary T-cell non-Hodgkin’s lymphoma in a 69-year-old female patient with no prior history. She complained of cough and dyspnea evolving for 10 weeks. Chest CT scan was performed, followed by bronchial biopsy during bronchial endoscopy. Histopathological and immunohistochemical examinations confirmed the presence of T-cell lung lymphoma. T-cell PPLs, although rare, have been documented in Cameroon. They have an aggressive behaviour and are associated with a poor prognosis.
Key words: Non-Hodgkin lymphoma, T cells, lung, Cameroon
Les lymphomes pulmonaires primitifs (LPP) sont rares. Ils représentent 3-4% des lymphomes non hodgkiniens extra ganglionnaires, moins de 1% des lymphomes non hodgkiniens, et 0,5-1% des tumeurs pulmonaires primitives [1]. Les LPP ont le plus souvent pour origine la lignée B, car ils se développent généralement aux dépends de la zone marginale des cellules B [2]. Les LPP à cellule T/ natural killer (NK) sont moins fréquents que ceux à cellule B et sont souvent agressifs [3]. Nous rapportons un cas rare de lymphome non hodgkinien pulmonaire à cellule T.
Information du patient: il s´agissait d´une patiente de 69 ans, présentant depuis 10 semaines une dyspnée expiratoire non sifflante, sans wheezing ni stridor d´aggravation progressive, associée à une toux sèche sans prédominance horaire, en contexte afébrile. Elle ne consommait pas de tabac, n´avait pas de fumeur dans son entourage, était retraité après avoir travaillé dans un bureau.
Examen clinique: à l´examen physique, elle avait un bon état général avec un indice de performance OMS stade 2, une tachypnée à 23 cycles/minutes, une diminution du murmure vésiculaire dans tout le champ pulmonaire gauche, les aires ganglionnaires étaient libres.
Prise en charge diagnostique: la biologie objectivait une CRP à 48mg/l, l´hémogramme était normal, la sérologie VIH était négative. Un scanner thoracique avait été réalisé, mettant en évidence un épaississement circonférentiel des parois de la bronche souche gauche déterminant une sténose segmentaire non-occlusive (Figure 1) associé à des masses parenchymateuses de chaque lobe supérieur (Figure 2), sans adénopathie. Une fibroscopie bronchique avait été réalisée, objectivant une carène épaissie et infiltrée, ainsi qu´une réduction du calibre de 50% du tronc souche gauche à son origine par une tumeur infiltrante envahissant la carène et saignant au contact (Figure 3). Une biopsie de la tumeur avait été réalisée, et l´histopathologie était en faveur d´un lymphome non hogkinien diffus.
Prise en charge thérapeutique: une chimiothérapie à base du protocole CHOP (cyclophosphamide à 750mg/m2, doxorubicine à 50mg/m2, vincristine à 1,4mg/m2, methylprednisolone à 40mg/m2) avait été débutée.
Suivi et issue des soins: deux semaines après le début de la chimiothérapie, l´immunohistochimie (Figure 4, Figure 5) était revenue en faveur d´un processus lymphoïde à cellule T. Trois semaines après la première cure de CHOP, la patiente a été hospitalisée pour une détresse respiratoire aiguë. La radiographie du thorax objectivait un « poumon blanc » à gauche avec attraction de la trachée, associée une opacité homogène para axillaire droite (Figure 6). La patiente avait reçu de l´oxygène, des antibiotiques et était décédée dix jours après son admission.
Le poumon peut être le siège d´une atteinte lymphomateuse de trois manières différentes [4]. L´atteinte peut se faire par dissémination hématogène à partir d´un lymphome ganglionnaire non hodgkinien, par envahissement par contiguïté à partir d´une localisation hilaire ou médiastinale d´un lymphome ganglionnaire, ou par atteinte pulmonaire primitive. Les LPP sont définis comme des proliférations lymphoïdes clonales atteignant un ou les deux poumons (parenchyme et ou bronche) sans atteinte extra pulmonaire mise en évidence au moment du diagnostic et dans les trois mois qui suivent [5]. Les LPP à cellules T/NK sont extrêmement rares. De 2001 à novembre 2019, 20 cas de LLP à cellules T/NK ont été décrits dans le monde [6]. Ils affectent des patients de tout âge, avec une médiane de 50 ans, et affectent plus souvent les hommes [7,8]. La répartition mondiale des LPP à cellules T/NK est différente. Ils sont plus décrits en Amérique du Sud et en Asie, et sont plus rare en Europe et aux Etats Unis [3]. Le cas que nous décrivons a été diagnostiqué chez une dame en Afrique sub-Saharienne. Le virus Epstein-Barr joue un rôle important dans la pathogénèse des LPP à cellules T/NK [9]. Il n´a pas été recherché chez notre patiente, car cela n´est pas fait en pratique courante dans notre contexte.
Dans les précédents cas cliniques publiés, les symptômes les plus fréquents étaient la fièvre, la toux et la dyspnée [10]. Deux de ces trois symptômes étaient présents chez notre patiente. Le diagnostic est confirmé par l´histologie et l´immunohistochimie. Le marqueur CD56 qui est sensible pour le diagnostic de LLP à cellules T/NK, n´est présent que dans 82% [11]. Ce marqueur n´avait pas été recherché chez notre patiente. Les LLP à cellules T/NK extra ganglionnaires se développant en dehors de la cavité nasale sont très agressifs, avec une mauvaise réponse thérapeutique et une survie globale à 5 ans de 25% [12]. Ils sont souvent fatals [13]. A cause de la rareté des cas, il n´a pas encore été conduit d´essai clinique sur les LPP à cellules T/NK. Il n´y a pas encore de recommandation pour leur traitement [14]. A un stade précoce, la combinaison radiothérapie et chimiothérapie allongerait la survie et pour un stade avancé, la chimiothérapie est le traitement principal, malgré sa faible efficacité à de la multi résistance aux médicaments [6]. Notre patiente avait un poumon blanc à la radiographie lors de son décès. Les diagnostics différentiels d´une opacification totale du poumon à la radiographie se basent sur la position du médiastin (et de la trachée) par rapport au poumon atteint [15]. Si la trachée reste symétrique, la cause est probablement une condensation; si elle est refoulée du coté sain, la cause peut être un épanchement pleural liquidien abondant ou une masse; si elle est attirée du coté atteint, la cause peut être une agénésie, une pneumonectomie, ou une atélectasie [15]. Chez notre patiente qui avait une trachée attirée du côté du poumon atteint, la cause était probablement une atélectasie liée à une progression de la tumeur qui avait totalement obstruée la bronche souche gauche.
Les LLP à cellules T/NK n´ont pas de signe clinique spécifique. Ils sont de mauvais pronostic, la survie à 5 ans étant de 25%.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts.
Décision de soumettre le manuscrit à la publication: Lionel Tabola. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.
Figure 1: coupe scannographique frontale avec épaississement de la bronche souche gauche
Figure 2: coupe scannographique transversale montrant des opacités pulmonaires bilatérales des lobes supérieurs
Figure 3: carène infiltrée et réduction du calibre de 50% du tronc souche gauche
Figure 4: lymphome non hodgkinien bronchique T marqué à l´anti CD3
Figure 5: lymphome non hodgkinien bronchique T n´exprimant pas le CD20
Figure 6: cliché de la radiographie de face avec poumon blanc à gauche et attraction de la trachée, associé à une opacité para axillaire droite
- Ferraro P, Trastek VF, Adlakha H, Deschamps C, Allen MS, Pairolero PC. Primary non Hodgkin´s lymphoma of the lung. Ann Thorac Surg. 2000 Apr;69(4):993-7. PubMed | Google Scholar
- Zinzani PL, Tani M, Gabriele A, Poletti V, Stefoni V, Alinari L et al. Extranodal marginal zone B cell lymphoma of MALT type of the lung Single center experience with 12 patients. Leuk Lymphoma. 2003 May;44(5):821-4. PubMed | Google Scholar
- Laohaburanakit P, Hardin KA. NK/T cell lymphoma of the lung: a case report and review of literature. Thorax. 2006 Mar;61(3):267-70. PubMed | Google Scholar
- Fiche M, Caprons F, Berger F, Galateau F, Cordier JF, Loire R et al. Primary pulmonary non-Hodgkin's lymphomas. Histopathology. 1995;26(6):529-537. PubMed | Google Scholar
- Martínez RC, Bonnin VM, Simón AC, Palacín FA, Puig ZJ, Sampablo LI. Primary pulmonary lymphoma presenting as a pulmonary mass with cavitation. Arch Bronconeumol. 2004 Feb;40(2):94-6. PubMed | Google Scholar
- Hu Q, Xu L, Zhang X, Wang J, Zhou Z. Primary pulmonary extranodal natural killer/T-cell lymphoma (ENKTL), nasal type: two case reports and literature review. Medicine. 2020 Jun 26;99(26):e20822. PubMed | Google Scholar
- Ding W, Wang J, Zhao S, Yang Q, Sun H, Yan J et al. Clinicopathological study of pulmonary extranodal nature killer/T-cell lymphoma, nasal type and literature review. Pathol Res Pract. 2015 Jul;211(7):544-9. PubMed | Google Scholar
- Perry AM, Diebold J, Nathwani BN, MacLennan KA, Müller-Hermelink HK, Bast M et al. Non-Hodgkin lymphoma in the developing world: review of 4539 cases from the International Non-Hodgkin Lymphoma Classification Project. Haematologica. 2016 Oct;101(10):1244-1250. PubMed | Google Scholar
- Suzuki R, Yamaguchi M, Izutsu K, Yamamoto G, Takada K, Harabuchi Y et al. Prospective measurement of Epstein-Barr virus-DNA in plasma and peripheral blood mononuclear cells of extranodal NK/T-cell lymphoma, nasal type. Blood. 2011 Dec 1;118(23):6018-22. PubMed | Google Scholar
- Qiu Y, Hou J, Hao D, Zhang D. Primary pulmonary NK/T-cell lymphoma: A case report and literature review. Mol Clin Oncol. 2018 Jun;8(6):753-756. PubMed | Google Scholar
- Pongpruttipan T, Kummalue T, Bedavanija A, Khuhapinant A, Ohshima K, Arakawa F et al. Aberrant antigenic expression in extranodal NK/T-cell lymphoma: a multi-parameter study from Thailand. Diagn Pathol. 2011;6:79. PubMed | Google Scholar
- Yamaguchi M, Suzuki R, Oguchi M, Asano N, Amaki J, Akiba T et al. Treatments and outcomes of patients with Extranodal natural killer/T-cell lymphoma diagnosed between 2000 and 2013: A cooperative study in Japan. J Clin Oncol. 2017 Jan;35(1):32-39. PubMed | Google Scholar
- Suzuki R, Suzumiya J, Yamaguchi M, Nakamura S, Kameoka J, Kojima H et al. Prognostic factors for mature natural killer (NK) cell neoplasms: aggressive NK cell leukemia and extranodal NK cell lymphoma, nasal type. Ann Oncol. 2010 May;21(5):1032-40. PubMed | Google Scholar
- Lee BH, Kim SY, Kim MY, Hwang YJ, Han YH, Seo JW et al. CT of nasal-type T/NK cell lymphoma in the lung. J Thorac Imaging. 2006 Mar;21(1):37-9. PubMed | Google Scholar
- Vaidya V, Vohra PA, Ghugare BW. Opaque hemithorax: Clinical, histological and radiological assessment of 30 cases at a tertiary care hospital - a preliminary study. West African Journal of Radiology. 2017;24(1):34-37. PubMed | Google Scholar