Cancer du pénis métastatique: à propos d´un cas
Etienne Atenguena Okobalemba, Lionel Tabola, Berthe Sabine Esson Mapoko, Ruth Rosine Meka´h Mapenya, Joseph Francis Nwatsock, Paul Ndom
Corresponding author: Lionel Tabola, Hôpital Général de Yaoundé, Yaoundé, Cameroun
Received: 16 Jan 2023 - Accepted: 19 May 2023 - Published: 20 Jul 2023
Domain: Oncology,Urology
Keywords: Cancer, pénis, VIH, carcinome épidermoïde, Cameroun
©Etienne Atenguena Okobalemba et al. PAMJ Clinical Medicine (ISSN: 2707-2797). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Etienne Atenguena Okobalemba et al. Cancer du pénis métastatique: à propos d´un cas. PAMJ Clinical Medicine. 2023;12:38. [doi: 10.11604/pamj-cm.2023.12.38.38925]
Available online at: https://www.clinical-medicine.panafrican-med-journal.com//content/article/12/38/full
Cancer du pénis métastatique: à propos d´un cas
Metastatic penile cancer: case report
Etienne Atenguena Okobalemba1, Lionel Tabola1,&, Berthe Sabine Esson Mapoko2, Ruth Rosine Meka'h Mapenya1, Joseph Francis Nwatsock1, Paul Ndom2
&Auteur correspondant
Le cancer du pénis est une affection rare. Il qui affecte moins de 1% de la population masculine. Le rôle du HPV (Human Papilloma Virus) est démontré. Le diagnostic peut être retardé par des facteurs liés au patient ou au clinicien. Nous rapportons un cas de cancer du pénis. Il s´agissait d´un patient de 62 ans PVVIH qui présentait depuis 18 mois des picotements de la verge associé à un prurit intermittent. L´évolution a été marquée par une érosion douloureuse partielle du gland et du fourreau. L´analyse histopathologique après la biopsie confirmait la présence d´un carcinome épidermoïde. Le bilan d´extension retrouvait des métastases hépatique et pleurale. Les facteurs de risque retrouvés chez notre patient étaient la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme, l´infection à VIH. Le suivi des patients ayant un cancer métastatique est rendu difficile par le non-respect des rendez-vous.
Penile cancer is a rare disease affecting less than 1% of males. The role of HPV (Human Papilloma Virus) has been demonstrated. Diagnosis may be delayed due to patient or clinician-related factors. We here report a case of penile cancer in a 62-year-old patient living with HIV, with an 18-month history of tingling in the penis associated with intermittent pruritus. Disease progression was marked by partial, painful erosion of the glans and sheath. Histopathological examination after biopsy confirmed the diagnosis of squamous cell carcinoma. Staging evaluation objectified liver and pleural metastases. Risk factors included multiple sexual partners, smoking and HIV infection. Follow-up of patients with metastatic cancer is difficult due to appointment non-adherence.
Key words: Cancer, penis, HIV, squamous cell carcinoma, Cameroon
Le cancer du pénis est une affection rare. Il qui affecte moins de 1% de la population masculine [1]. Le type histologique le plus souvent retrouvé est le carcinome épidermoïde. La pathogénie a connu des avancées au fil du temps, le rôle du HPV (Human Papilloma Virus) ayant été démontré. Le diagnostic peut être retardé par des facteurs liés au patient ou au clinicien. La pathologie ainsi que son traitement ont des conséquences néfastes sur le plan esthétique et fonctionnel. Compte tenu de l´importance de l´organe, les patients voient leur vécu particulièrement affecté. Nous rapportons un cas de cancer du pénis.
Patient et observation
Antécédents et histoire des problèmes de santé/frise chronologique: il s´agissait d´un patient de 62 ans qui présentait depuis 18 mois des picotements de la verge associé à un prurit intermittent. Ce qui a motivé plusieurs consultations avec prescription d´antibiotiques sans amélioration. L´évolution a été marquée par une érosion douloureuse partielle du gland et du fourreau. L´aggravation de l´érosion a motivé une consultation spécialisée lors de laquelle une biopsie en regard de l´ulcération a été faite. Il avait subi une circoncision dans l´enfance, était conducteur d´engins lourds, consommait occasionnellement de l´alcool et du tabac. Il avait plusieurs partenaires sexuels. Il était une PVVIH depuis 03 ans, sous traitement (dolutegravir + lamivudine + efavirenz), non observant. Il n´avait pas d´antécédent personnel de cancer, ni d´histoire familiale de cancer.
Examen clinique: l´état général était conservé avec un indice de performance OMS au stade 1. Il y´avait une ulcération avec amputation du tiers distal du fourreau ainsi que de 90% du gland (Figure 1). La lésion était hémorragique au contact. Le patient avait en outre 02 adénopathies inguinales (une à gauche et une à droite) de 3 cm et 4 cm, fermes, indolores, mobiles. Il portait une sonde de Foley. Le reste de l´examen physique était sans particulier.
Prise en charge diagnostique: l´examen histopathologique était en faveur d´un carcinome épidermoïde invasif bien différentié en terrain d´inflammation chronique. Le scanner thoraco-abdomino-pelvien réalisé mettait en évidence des localisations secondaires, pleurale (Figure 2) et hépatique (Figure 3). À la biologie, le taux d´hémoglobine était de 10,2 g/dl, les globules blancs étaient de 8600/mm3, avec 5782 neutrophiles, les plaquettes étaient 437000/mm3.
Prise en charge thérapeutique: une chimiothérapie palliative par le protocole cisplatine-5-fluorouracile-acide folinique avait été proposée au patient. Une chirurgie de propreté (exérèse de la portion résiduelle du gland) devait être discutée en fonction de la réponse locale du traitement. Une éducation thérapeutique relative à ses ARV avait été faite.
Suivi et issue des soins: le patient avait reçu 02 cures de chimiothérapie en trois semaines d´intervalle sans toxicité de grade supérieur à 2. Il avait par la suite été perdu de vue.
Consentement eclaire: le consentement éclairé et libre du patient a été obtenu pour la rédaction et la publication de ce manuscrit.
L´épidémiologie du cancer est variable selon les régions. Il est plus rarement rapporté en Europe, comparativement à l´Afrique ou à l´Amérique du Sud [2]. Le pic d´incidence du cancer du pénis se situe entre 60 et 70 ans. L´âge de notre patient se situait dans cet intervalle. Plusieurs facteurs de risque peuvent engendrer une néoplasie intra-épithéliale qui est la lésion pré-cancéreuse la plus fréquente. Parmi ces facteurs de risque, nous pouvons lister l´inflammation chronique, l´infection à HPV, le tabagisme, ainsi que le phimosis. L´inflammation chronique est liée à une macération et à un manque d´hygiène locale. Le risque d´infection à HPV est accentué en cas de partenaires sexuels multiples, les sérotypes les plus fréquemment retrouvés sont les sérotypes 16 et 18 [3]. L´infection à HPV étant avec l´inflammation chronique les deux mécanismes sous tendant la pathogénie du cancer du pénis, elle a entrainé une modification de la classification union internationale contre le cancer(UICC) (des cancers du pénis en HPV associés et non HPV associé [4]. L´infection à VIH, rend plus vulnérable les patients face aux cancers liés à HPV. Plusieurs facteurs de risque étaient retrouvés chez notre patient: la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme, l´infection à VIH. La circoncision, qui est un facteur protecteur, avait été subie dans l´enfance par notre patient. Elle n´avait pas pu contre-balancé les multiples facteurs de risque présents. Notre patient avait des symptômes depuis 18 mois. Le retard au diagnostic dans le cancer du pénis est décrit dans la littérature. Certains facteurs pouvant l´expliquer sont: la peur, l´ignorance, le sentiment de culpabilité, la honte [5]. Le cancer du pénis débute sa dissémination par l´atteinte des aires ganglionnaires iliaques ou encore fémorales. Il produit généralement des métastases à distance lorsque l´atteinte ganglionnaire inguinale et pelvienne est significative [6]. Chez notre patient, bien que des atteints ganglionnaires pelviennes n´avaient pas été retrouvés, il présentait des atteintes hépatique et pleurale. Comme pour tout cancer, le traitement du cancer du pénis est proposé en fonction du stade de la maladie. L´exérèse chirurgicale est le gold standard pour un traitement définitif. La chirurgie doit être la plus conservatrice possible.
Un examen anatomopathologique extemporané des marges chirurgicales est recommandé dans ce cas. Une marge de sécurité de 5 mm est considérée comme suffisante pour les lésions invasives. Une marge négative est un impératif absolu [7]. Après amputation partielle, on retrouve une dégradation de la sexualité chez 67% même si les érections sont présentes dans 56 % des cas et les orgasmes conservés dans 72% [7]. Chez les patients ayant une maladie métastatique comme chez notre patient, le traitement proposé est une chimiothérapie palliative. L´introduction de taxanes a amélioré l´efficacité du traitement. Un triplet contenant une taxane est le protocole utilisé par certains auteurs [8]. Chez notre patient, l´association cisplatine-5-fluorouracile avait été proposée. Après deux cures de traitement, il avait été perdu de vue. En Afrique sub saharienne, la chimiothérapie est parfois difficile à implimenter à cause de croyances culturelles ou encore de l´environnement socioéconomique [9]. Certains inhibiteurs des PD-1 semblent efficaces. Le Pembrolizumab (anti PD-1) a déjà été utilisé par certains cliniciens avec des résultats probants. Dans les sociétés conservatrices comme la nôtre, la masculinité est liée au phallus. Les hommes atteints par cette pathologie souffrent sur le plan pschologique, et on t'moins confiance en eux. La détection précoce et la prise en charge rapide peuvent donc être un élément clé pour améliorer le vécu psychologique [10].
Les patients atteints de cancer du pénis sont souvent à un stade avancé au moment du diagnostic. Les facteurs de risque retrouvés chez notre patient étaient la multiplicité des partenaires sexuels, le tabagisme, l´infection à VIH. Le suivi des patients ayant un cancer métastatique est rendu difficile par le non-respect des rendez-vous.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts.
Décision de soumettre le manuscrit à la publication: LT. Rédaction du manuscrit: tous les auteurs. Relecture du manuscrit: tous les auteurs.
Figure 1: ulcération du pénis avec amputation du tiers distal du fourreau ainsi que de 90% du gland, sonde de Foley en place
Figure 2: coupe scannographique transversale thoracique avec localisation secondaire pleurale
Figure 3: coupe scannographique transversale abdominale avec localisations secondaires hépatiques
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