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Research

Dépistage de la drépanocytose chez les écoliers de la ville de Kinshasa

Dépistage de la drépanocytose chez les écoliers de la ville de Kinshasa

Screening for sickle cell disease among scholars in Kinshasa

Hortelin Kilesi Nzanda1, Bertin Mukuna1, Sylvie Linsuke2, Pierre Mukadi-Kaningu1,2,&

 

1Département de Biologie Médicale, Université Pédagogique Nationale, B.P. 8815, Kinshasa 1, République Démocratique du Congo, 2Institut National de Recherche Biomédicale, Kinshasa, République Démocratique du Congo

 

 

&Auteur correspondant
Pierre Mukadi-Kaningu, Département de Biologie Médicale, Université Pédagogique Nationale, Kinshasa, République Démocratique du Congo

 

 

Résumé

Introduction: la prévention par le dépistage demeure jusqu'à ce jour une meilleure approche dans la lutte contre la drépanocytose. La présente étude avait pour objectif de déterminer la prévalence de la drépanocytose chez les écoliers en milieux scolaires de Kinshasa.

 

Méthodes: l'étude descriptive transversale, était conduite auprès des écoliers fréquentant trois structures scolaires à Kinshasa, entre 2019 et 2022. L'électrophorèse d'hémoglobine était réalisée sur du sang veineux de chaque participant.

 

Résultats: un total de 225 écoliers dont 51,1% de filles étaient inclus. L'âge médian des participants était de 13 ans (Interquartile range (IQR) = 12), variant entre 7 à 18 ans. La prévalence de la drépanocytose était de 1,3 et 21,8%, respectivement pour les sujets HbS/HbS et HbA/HbS. La prévalence du trait drépanocytaire parmi les participants originaires des provinces du Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental et Kwilu, prises ensemble, était significativement plus élevée que celles du reste des provinces (75,5% contre 24,5%; p=0,042). Mais, la prévalence dans ces quatre provinces, prises individuellement, était significativement plus élevée seulement pour le Kasaï (p=0,030) comparés aux autres provinces.

 

Conclusion: la présente étude a démontré la faisabilité à moindre coût, du dépistage de la drépanocytose à travers les écoles à Kinshasa. Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental et Kwilu étaient les provinces les plus drépanocytaires que les autres. La prévalence de la drépanocytose, HbS/HbS et HbA/HbS, n'a pas changé depuis plus d'une décennie en République Démocratique du Congo (RDC). Un programme de dépistage systématique à large échelle, utilisant cette approche, devrait être implémenté dans le pays pour réduire le nombre de cas de drépanocytoses dans notre région.


Introduction: to date, prevention screening is still the best approach in the fight against Sickle Cell Disease (SCD). The purpose of this study was to determine the prevalence of SCD among scholars in Kinshasa. Methods: we conducted a cross-sectional descriptive study among scholars attending three schools in Kinshasa, between 2019 and 2022. Venous blood for haemoglobin electrophoresis was collected from each participant. Results: a total of 225 participants were included in the study, 51.1% of whom were girls, with a median age of 13.1 years (IQR = 12), ranging from 7 to 18 years. The prevalence of sickle cell disease was 1.3 and 21.8% for HbS/HbS and HbA/HbS subjects, respectively. The prevalence of sickle cell trait among participants from the provinces of Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental and Kwilu, taken together, was significantly higher than in the rest of the provinces (75.5% versus 24.5%; p=0.042). However, prevalence in these four provinces, taken individually, was significantly higher only for Kasaï (p=0.140), compared to the other provinces. Conclusion: the present study demonstrated the feasibility of low-cost screening for SCD among scholars in Kinshasa. Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental, and Kwilu were the provinces with the highest rates of SCD. The prevalence of sickle cell disease, HbS/HbS and HbA/HbS, has not changed for more than a decade in the Democratic Republic of Congo. A large-scale systematic screening programme using this approach should be implemented in the country to reduce the number of cases of sickle cell disease in our region.

Key words: Sickle cell disease, screening, prevalence, scholars

 

 

Introduction    Down

La drépanocytose est une maladie génétique à transmission autosomique récessive consécutive à la mutation ponctuelle unique du gène β (de la globine) situé sur le chromosome 11. À cause de cette mutation, l'acide glutamique est remplacé par la valine, donnant ainsi l'hémoglobine S qui polymérise. Principalement, se distinguent les formes hétérozygotes (HbA/HbS) souvent silencieuses et homozygotes (HbS/HbS) qui occasionnent des syndromes drépanocytaires majeurs dont l'anémie hémolytique qui se manifeste souvent par une fatigabilité, des vertiges, des essoufflements. Les épisodes récurrents d'occlusion vasculaire ainsi qu'une sensibilité aux infections [1]. Un sujet ayant hérité un seul gène de l'HbS de ses parents est appelé hétérozygote, porteur sain ou HbA/HbS (trait drépanocytaire). En général, les porteurs sains ne développent pas la maladie mais ils peuvent la transmettre à leur descendance directe. Selon la loi de Mendel, le couple de porteurs sains à la probabilité de 25% d'avoir un enfant homozygote (HbS/HbS) à chaque grossesse [2].

La communauté scientifique espère trouver le traitement le plus efficace, contre la drépanocytose, depuis près d'une décennie. Cependant l'une des thérapies, génique, dont les récents essais et ceux en cours sont prometteurs, se révèle aussi très onéreuse [3,4]. La drépanocytose est l'hémoglobinopathie la plus répandue au monde et constitue un problème de santé publique, particulièrement dans les pays africains subsahariens où la prévalence est la plus élevée [5]. En effet, la planète compte environ cinq millions de drépanocytaires. Les études antérieures ont rapporté des prévalences de 0,8 à 3% et de 7 à 26% respectivement pour la forme majeure (HbS/HbS) et pour la forme mineure HbA/HbS [6-10]. La grande prévalence de la maladie est rencontrée en Afrique subsaharienne. En effet, l'Afrique rapporte le taux de natalité de la drépanocytose le plus élevé dans le monde, soit 10,68 naissances sur 1000 [11]. Avec respectivement 2 et 25% de nouveau-nés HbS/HbS et HbA/HbS annuellement, la République Démocratique du Congo (RDC) est le 3e pays le plus touché dans le monde après l'Inde et le Nigeria [10,12]. Outre une meilleure prise en charge et le conseil génétique, la principale stratégie de lutte contre la drépanocytose demeure le dépistage qui, dans les pays développés, est néonatal et systématique [13,14].

Par ailleurs, très peu d'études sont réalisées sur la drépanocytose dans la région africaine sub-saharienne. Le Nigeria et la République Démocratique du Congo (RDC) sont les principaux pourvoyeurs des données avec respectivement les ¾ et moins d'un dixième des rapports scientifiques publiés [15]. Ainsi, la prévention, par le dépistage, demeure encore la meilleure approche dans la lutte contre la drépanocytose. Une des méthodes préventives consiste principalement à décourager un couple d'hétérozygotes (HbA/HbS- HbA/HbS) d'avoir une progéniture. Par conséquent, un dépistage précoce du trait drépanocytaire permettrait à moyen et long terme de prévenir des couples hétérozygotes et par la suite de réduire sensiblement l'incidence et la prévalence de la drépanocytose au sein des populations endémiques.

Le dépistage néonatal de la drépanocytose est implémenté en République Démocratique du Congo depuis plus d'une décennie mais sa couverture géographique demeure faible [10]. Le réaliser pendant l'adolescence s'avère nécessaire et est susceptible de permettre l'identification des sujets hétérozygotes dont les couples peuvent transmettre la maladie à leur progéniture. L'objectif de la présente étude, supportée par le département de biologie médicale de l'université pédagogique nationale, était de déterminer la prévalence de la drépanocytose en milieux scolaires et contribuer à la prévention primaire de la drépanocytose par le dépistage du trait drépanocytaire.

 

 

Méthodes Up    Down

Type de l'étude

Il s'agissait d'une étude descriptive transversale, non aléatoire, conduite à Kinshasa entre juillet 2019 et novembre 2022. Kinshasa est la ville-province de la RDC comptant environs 12 millions d'habitants sur une superficie de 9965 Km², une densité de plus de 1204 habitants au Km². Avec une économie extravertie vers l'étranger, la RDC connaît, depuis des décennies, un exode rural sans précédent vers la capitale Kinshasa qui est finalement composée des ressortissants de toutes les provinces du pays. Il y a principalement 4 groupes de peuples: Luba, Swahili, Lingala et Kongo et environ 450 ethnies en RDC avec des cultures variées chacune [16].

Participants

Cette étude avait concerné les écoliers sélectionnés dans trois structures scolaires du secteur public et privé: 1) le groupe scolaire du "Mont Amba" de l'Université de Kinshasa; 2) le complexe scolaire "Trois étoiles" et 3) le complexe scolaire "Maman Minkula", localisées dans les districts du Mont Amba, Lukunga et Funa dans la ville de Kinshasa. L'échantillonnage était exhaustif et non aléatoire. La population cible de l'étude était constituée des élèves fréquentant les écoles citées ci-dessus, âgés de 7 à 18 ans. Était exclu de l'étude tout élève dont le parent ou tuteur n'avait pas consenti.

Procédures

Un volume < 2 millilitres de sang veineux était prélevé sur l'anticoagulant éthylène diamine tétra-acétique (EDTA) auprès de chaque participant et était expédié immédiatement à l'Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) pour les analyses biologiques. L'expédition était effectuée par route (en voiture), dans les conditions de températures variant entre 2 et 8°C, la boîte isotherme (triple emballage en polyuréthane: 10L, dimensions extérieures: 310 x 310 x 320 mm) était utilisée à cet effet. De même, un questionnaire était soumis à tous les participants inclus dans l'étude. Ce questionnaire renseignait sur les données démographiques de chaque participant dont l'âge, le sexe, l'adresse physique, la province et l'ethnie d'origine du participant.

L'électrophorèse d'hémoglobine était réalisée pour chaque échantillon sanguin au laboratoire de biochimie de l'INRB. Principales méthodes de diagnostic de la drépanocytose avec l'isoélectrofocalisation, le principe de l'électrophorèse d'hémoglobine consiste à séparer des molécules d'ADN et d'ARN en les soumettant à un champ électrique afin de faire migrer les acides nucléiques chargés négativement dans une matrice de gel d'agarose ou de polyacrylamide [1,17]. Des contrôles d'hémoglobines normale et pathologique (drépanocytaire) ont été utilisés à chaque série d'analyses pour la validation technique des résultats.

Enfin, les écoliers dépistés hétérozygotes (HbA/HbS) et homozygotes (HbS/HbS) ont été orientés au centre de médecine mixte et d'anémie SS de Kinshasa pour une prise en charge psychologique et médicale.

Saisie et analyse des données

Les données contenues dans le questionnaire et le compte-rendu des résultats de l'électrophorèse d'hémoglobine ont été saisies et compilés en Excel (Office 2019, Microsoft Corporation, Redmond, Washington, USA) et les analyses statistiques réalisées à l'aide de la version 11.1 de Stata (StataCorp. LP, College Station, États-Unis). La prévalence de la drépanocytose (HbS/HbS et HbA/HbS) a été calculée sur base des résultats de l'électrophorèse d'hémoglobine réalisée au laboratoire de biochimie de l'INRB. Le test de Χ² de Fisher a été utilisé pour comparer les prévalences de la drépanocytose observées entre les différentes provinces. Une valeur de p < 0,05 a été considérée comme significative.

Considérations éthiques

La participation à l'étude était volontaire, un consentement éclairé et un assentiment ont été obtenus respectivement auprès des parents/tuteurs légaux et des écoliers avant leur inclusion. Les écoliers diagnostiqués HbA/HbS et HbS/HbS étaient pris en charge psycho-médicalement au centre de médecine mixte et d'anémie SS de Kinshasa. Les données n'étaient exploitées que par les personnes impliquées dans l'étude et en aucun cas des données pouvant identifier une personne étaient publiées. Les identités des participants étaient codifiées pendant la réalisation de l'électrophorèse d'hémoglobine et l'analyse des données. L'anonymat a été garanti pendant et après l'étude.

 

 

Résultats Up    Down

Caractéristiques générales des participants

Un total de 243 adolescents avait participé au dépistage, 18 étaient exclus des analyses finales pour non-conformité de l'échantillon (un participant) et pour n'avoir pas renseigné sur leurs provinces et/ou ethnies d'origine (17 participants). Nous avons inclus dans les analyses finales un total de 225 participants dont 51,1% étaient de sexe féminin. L'âge médian de tous les participants était de 13 ans (IQR = 2,6), variant entre 7 et 18 ans (Figure 1). La majorité des participants était originaire de la province de Kongo Central (39,1%), suivi de l'ensemble de provinces issues du Grand Kasaï: Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental, Lomami et Sankuru (33,8%) et du Grand Bandundu: Maï Ndombe, Kwilu et Kwango (16%). Les participants d'origine kinoise étaient minoritaires (2,2%).

Prévalence de la drépanocytose

Comme indiqué dans le Tableau 1, un total de 3 sur 225 participants à l'étude avaient présenté une électrophorèse d'hémoglobine pour HbS/HbS contre 49 pour HbA/HbS, soit une prévalence globale de la drépanocytose de 1,3 et 21,8%, respectivement pour les formes HbS/HbS et HbA/HbS. Tous les 3 cas de HbS/HbS étaient de sexe masculin et 28/49 (57,1%) cas de la forme HbA/HbS étaient de sexe féminin. La distribution de la prévalence de la drépanocytose en fonction des provinces d'origines des participants indiquait que sur les 3 participants présentant la forme HbS/HbS, 2 (0,9%) étaient originaires du Kasaï Oriental et 1 (0,4%) du Kongo Central (Tableau 1). Alors que sur les 49 de la forme HbA/HbS, 22 (9,8%) étaient originaires de Kongo Central, 6 (2,7%) de Kasaï, 5 (2,2%) de Kasaï Oriental, et 4 (1,8%) de Kwilu. Par ailleurs les résultats des analyses de comparaison des prévalences au niveau des provinces d'origines des participants indiquaient que la prévalence de la forme HbA/HbS parmi les participants originaires de ces quatre provinces (Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental et Kwilu) prises ensemble était significativement plus élevée que celles du reste des provinces (p=0,042). Par ailleurs, quand on compare la prévalence dans ces quatre provinces individuellement, elle était significativement plus élevée que pour la province du Kasaï (p = 0,030) comparés aux autres provinces.

Types d'hémoglobines par province

Les Figure 2 et Figure 3 présentent les types d'hémoglobines parmi les ethnies des deux principales provinces dont les ressortissants étaient celles qui avaient rapporté le plus le trait drépanocytaire. Parmi les 88 ressortissants du Kongo Central, il y avait 26,1% cas de drépanocytose, y compris une forme homozygote. Les tribus Yombe et Ntandu étaient les plus drépanocytaires (77,3% HbA/HbS) avec respectivement 54,6 et 22,7% des HbA/HbS (n = 22). Pour un total de 12 participants ressortissants du Kasaï Oriental, les deux ethnies Luba et Lulua présentaient tous les 58,3% de drépanocytaires dont 16,7% de HbS/HbS pour l'ethnie Lulua (n=12).

 

 

Discussion Up    Down

La présente étude avait pour objectif principal de déterminer la prévalence de la drépanocytose chez les écoliers de Kinshasa. Cette prévalence était de 1,3 et 21,8%, respectivement pour les sujets HbS/HbS et HbA/HbS. Ces chiffres pourraient être une sous-estimation de la situation et ne pas refléter la situation réelle au niveau national. Les provinces de Kasaï, Kasaï Oriental, Kongo Central et Kwilu avaient rapporté une prévalence significativement plus élevée par rapport à celles des autres provinces. Les prévalences de la présente étude étaient globalement similaires à celles rapportées dans quelques études antérieures. En effet, le dépistage de 2892 nouveau-nés réalisé en milieu hospitalier avait rapporté respectivement 1,35 et 19,43% des HbS/HbS et des HbA/HbS. Mais une prévalence importante de sujets HbS/HbS (12,7%) et celle relativement faible (19,2%) de sujets HbA/HbS ont été également rapportés des 448 enfants de moins de 5 ans dépistés en milieu hospitalier. La différence dans la prévalence élevée de 12,7% des sujets HbS/HbS observée entre cette dernière étude et la présente, serait liée probablement en partie à la taille de l'échantillon et le site de dépistage de chaque étude. En effet, l'échantillon utilisé dans la présente étude est presque la moitié de celui utilisé dans l'étude antérieure (225 contre 448 participants); ce qui augmente la chance de dépister plus des cas possibles. Aussi, le milieu hospitalier constituerait un facteur en faveur de la présence éventuellement élevée des sujets malades (HbS/HbS) à la recherche des soins comparativement à la présente étude qui s'était déroulée en milieux scolaires [6,18].

Aussi, lorsque les données rapportées au cours des années 2009 et 2010 sont comparées à celles de la présente étude malgré le nombre d'études et la mise en œuvre des différentes stratégies de lutte mises sur pieds en RDC et en Afrique pendant la dernière décennie, la prévalence du trait drépanocytaire (HbA/HbS) semble stationner et celle de la drépanocytose (HbS/HbS) augmenter. En effet, Tshilolo et al. et Agasa et al. avaient rapporté respectivement 1,4 et 0,96% des HbS/HbS et 16,9 et 23,3% des HbA/HbS [10,12]. En outre, la prévalence de la drépanocytose en fonction des provinces d'origines des participants s'était montrée dispersée mais avec des prévalences significativement élevées principalement dans quatre provinces (Kasaï, Kasaï Oriental, Kongo Central et Kwilu) sur les 18 représentées. Notre observation serait-elle liée à un problème de la représentativité pour chaque province ? Y avait-il eu des éléments culturels qui avaient interféré dans la survenue de la drépanocytose ? Des études supplémentaires seraient souhaitables pour aider à répondre à ces questions, parmi tant d'autres, sur la base des évidences. Il est à noter que rares sont les études qui ont vérifié les prévalences de la drépanocytose à travers les provinces de la RDC. En effet, la drépanocytose est l'une des pathologies dont les recherches sont les moins financées en Afrique Sub-Saharienne et en RDC [15].

Limites et bénéfices de la présente étude

La présente étude a connu quelques limites. Premièrement, le nombre des participants à la présente étude, semblait être faible (n = 225) comparativement à d'autres études [6,10,12,18]. Cependant, il était représentatif pour Kinshasa car, il était constitué de quatre principaux groupes éthiques qui constituent la population congolaise (Luba, Swahili, Lingala et Kongo) (Tableau 1). Deuxièmement, certaines provinces les plus proches de Kinshasa (Kongo Central, du Grand Kasaï et du Grand Bandundu) par proximité et la disponibilité des voies de transport routière et aérienne étaient plus représentées que d'autres. Troisièmement, la discussion avec les potentiels participants et l'obtention d'un échantillon sanguin pour réaliser l'électrophorèse d'hémoglobine étaient un défi majeur. Cela avait nécessité d'abord le contact avec leurs parents/tuteurs pour avoir leur approbation. Cette question a été résolue par l'implication des autorités scolaires à travers une claire communication entre les écoles et les parents. Et enfin, l'importante prise en charge de l'électrophorèse d'hémoglobine n'a pas permis l'inclusion d'un nombre important des participants. Ainsi, un programme public de dépistage au niveau du national, conçu et validé par toutes les parties prenantes, faciliterait l'inclusion de tous les écoliers.

Malgré ces quelques limites, cette étude a fourni des données de bases qui serviront pour orienter la prévention et la lutte contre la drépanocytose, particulièrement en RDC. En plus des études similaires permettront d'atteindre les plus d'écoliers qui échappent au dépistage néonatal de la drépanocytose qui, du reste, n'est pas systématique et ne couvre pas parfaitement la ville de Kinshasa [10]. Enfin, cette étude a en plus prouvé que le dépistage systématique via ce canal, c'est-à-dire en milieu scolaire, serait faisable et à moindre coût.

 

 

Conclusion Up    Down

Les prévalences de la drépanocytose parmi les écoliers de Kinshasa étaient de 1,3% pour la forme HbS/HbS et 21,8% pour la forme HbA/HbS. Kongo Central, Kasaï, Kasaï Oriental et Kwilu étaient les provinces les plus drépanocytaires par rapport aux autres. La prévalence de la drépanocytose, HbS/HbS et HbA/HbS, n'a pas changé depuis plus d'une décennie en RDC. Au regard de ces résultats, il y a lieu de reconnaître les efforts consentis en RDC dans la mise en œuvre des différentes stratégies de lutte contre la drépanocytose. Cependant, des efforts supplémentaires devraient être conjugués par l'autorité de santé et toutes les parties prenantes pour la mise en œuvre d'un programme de dépistage de la drépanocytose systématique à large échelle, incluant tous les écoliers. La gratuité de l'enseignement primaire et secondaire, actuellement mise en œuvre en RDC, serait une opportunité pour inclure un bon nombre d'enfants qui avaient échappé au dépistage néonatal. Enfin, des études ultérieures, prévoyant une grande taille de l'échantillon, dans différentes provinces de la RDC, apporteraient des évidences scientifiques éventuelles des aspects culturels/ethniques de la drépanocytose afin d'orienter les décisions de l'autorité sanitaire dans la lutte pour la réduction du nombre de cas de drépanocytose en RDC.

Etat des connaissances sur le sujet

  • Dépistage de la drépanocytose en milieu hospitalier et en néonatologie en République Démocratique du Congo.

Contribution de notre étude à la connaissance

  • Prévalence de la drépanocytose (homozygotie et trait drépanocytaire) chez les écoliers en République Démocratique du Congo.

 

 

Conflits d'intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Conception et réalisation de l'étude: Pierre Mukadi. Acquisition des données: Hortelin Kilesi. Analyse et interprétation des données: Bertin Mukuna et Sylvie Linsuke. Rédaction du manuscrit: Pierre Mukadi. Révision critique du manuscrit pour un contenu intellectuel important: Pierre Mukadi et Sylvie Linsuke. Tous les auteurs ont lu et approuvé le manuscrit final.

 

 

Remerciements Up    Down

Nos remerciements s'adressent aux autorités des écoles et à tous les écoliers participants, y compris leurs parents, pour avoir participé à l'étude. Qu'Espérance Kibale, Rachel Kiseme, Christian Kongo, Edmond Muanda, Lufundu Batulukisi et les collègues de l'Institut National de Recherche Biomédicale dont Nadine Mondange et Pierre Ngandu, trouvent l'expression de notre reconnaissance pour avoir assuré les prélèvements et l'analyse des échantillons sanguins.

 

 

Tableau et figures Up    Down

Tableau 1: types d'hémoglobines selon la province d'origine des participants (N = 225)

Figure 1: groupes d'âges des participants (N = 225)

Figure 2: types d'hémoglobines des participants du Kongo Central par ethnie (N = 88)

Figure 3: types d'hémoglobines des participants du Kasaï Oriental par ethnie (N = 88)

 

 

Références Up    Down

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