Luxation sous talienne interne pure ouverte: à propos d´un cas

Luxation sous talienne interne pure ouverte: à propos d´un cas

Simple open subtalar dislocation: about a case

Oussama Mamai^1,&, Mohamed Ilahiane¹, Naoufal ElBerkani¹, Kamal Lahrach¹, Fawzi Boutayeb¹

¹Service de Chirurgie Orthopédique A, Centre Hospitalier Universitaire Hassan 2, Fès, Maroc

^&Auteur correspondant
Oussama Mamai, Service de Chirurgie Orthopédique A, Centre Hospitalier Universitaire Hassan 2, Fès, Maroc

Introduction    

Selon Broca [1] la luxation sous talienne est une luxation dans laquelle le talus conserve ses rapports avec les os de la jambe, tandis que le calcanéum et l´os naviculaire se déplacent sous lui. Il s´agit d´une lésion rare et qui ne représente que 1 à 2% de toutes les luxations [2], et qui survient exceptionnellement après un accident de sport, car leur mécanisme nécessite un traumatisme à haute énergie. Nous rapportons le cas d´une luxation sous talienne interne suite à un accident du sport de parkour.

Patient et observation     

Monsieur MA, âgé de 32 ans, est victime d´un accident de parkour, suite à une mauvaise réception sur le pied après un saut avec inversion et équinisme du pied gauche. Ce traumatisme occasionnait chez le patient une vive douleur et une impotence fonctionnelle totale du membre inferieur gauche. L´examen clinique initial objectivait une ouverture cutanée antérolatérale stade 2 de Gustillo et Anderson. Les pouls tibiaux postérieur et antérieur étaient présents, sans troubles de la sensibilité́ du pied. Une radiographie standard de la cheville face et profil montrait une luxation sous talienne interne pure (Figure 1). Le patient a bénéficié en urgence, sous anesthésie générale, d´une réduction de la luxation selon la manœuvre de l´arrache-botte, suivie d´un parage de la plaie avec une régularisation des berges cutanées. Le cheville étant instable au testing, ce qui a motivé une arthroryse par deux broches calcanéo-astragaliennes, et deux broches talo-naviculaires (Figure 2). Ensuite, la cheville a été immobilisée dans une botte plâtrée pendant 6 semaines sans appui, suivie de l´ablation des broches après 6 semaines, et d´une rééducation qui a duré six mois. À 12 mois de recul, le patient gardait une légère douleur de la cheville après la marche sur une longue distance et en fin de journée, sans signes d´arthrose sur les radiographies de contrôle.

Discussion     

La luxation sous talienne est une entité rare qui représente 1 à 2% des luxations [2], et 20% des traumatismes de l´astragale [3]. Elle survient essentiellement suite à des traumatismes à haute énergie tels que les accidents de la voie publique et les chutes d´un lieu élevé. On peut distinguer 4 variétés de luxation sous talienne: interne, externe, antérieure et postérieure. Selon Allieu [4], lorsqu´un pied en position fragilisée, c´est à dire en inversion et équinisme subit un traumatisme, il peut en résulter deux degrés de luxations sous talienne interne: le premier degré correspond à une luxation talo-scaphoidienne avec rupture du ligament astragalo-scaphoidien dorsal, le deuxième degré correspond à la luxation sous talienne avec la rupture du faisceau peronéo-calcanéen du ligament latéral externe. Les déformations sont considérables et orientent d´emblée le diagnostic : Une saillie externe de la tête astragalienne et le reste du bloc calcanéo-pédieux est déjeté en dehors. Le bilan radiologique permet de confirmé le diagnostic et comporte une radiographie de la cheville face ou dorso-plantaire, et une radiographie de profil qui est moins parlante du fait de la superposition des os.

La tomodensitométrie permet une meilleure caractérisation des lésions notamment cartilagineuses et la mise en évidence d´éventuelles incarcérations [5,6]. L´ouverture cutanée peut être initiale suite à un traumatisme à haute énergie ou secondaire suite à une nécrose cutanée. La recherche de complications vasculo-nerveuses est systématique. Les luxations latérales menacent plus particulièrement les structures postéro-médiales (pédicule tibial postérieur, tendon du tibial postérieur et long fléchisseur), les luxations médiales, le pédicule fibulaire profond [7]. L´impératif d´un diagnostic rapide se pose avec une réduction urgente sous anesthésie générale, et la réduction est souvent stable. Néanmoins, il n´y a pas d´accord sur le type d´immobilisation (botte ou cruro- pédieux) ni sur la durée (3 à 6 semaines) [7]. En cas d´instabilité au testing, la mise en place d´un brochage percutané de stabilisation est obligatoire. Le pronostic est souvent jugé favorable par les auteurs [8-10], sauf pour les luxations ouvertes ou associées à une fracture ou le pronostic est moins bon.

Conclusion     

Les luxations sous taliennes réalisent une entité particulière et sont définies par le déplacement en masse, dans le plan frontal, du bloc calcanéo-pédieux, autour du talus dont le corps reste en place dans la mortaise tibio-fibulaire. La variante interne est la plus fréquente. Sur le plan clinique, les déformations sont considérables et orientent les diagnostics qui seront confirmés par la radiologie. Il s´agit d´une urgence thérapeutique, et le pronostic est souvent favorable si la prise en charge est correcte.

Conflits d'intérêts     

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

Contributions des auteurs     

Tous les auteurs ont contribué à la prise en charge du patient et à la rédaction du manuscrit. Tous les auteurs ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.

Figures     

Figure 1: radiographie standard de la cheville face et profil montrant une luxation sous talienne interne sans fracture associée

Figure 2: contrôle radiologique après réduction et arthroryse calcanéo-astragalienne et talo-naviculaire

Références     

1. Broca P. Mémoire sur les luxations sous-astragaliennes. Mem Soc Chir. 1853;3:566-656. Google Scholar


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3. Mindell ER, Cisek E, Kartalian G, Dziob Joseph M. Late results of injuries of the talus; analysis of forty cases. J bone joint surg (A). 1963;45(2):221-245. Google Scholar


4. Allieu Y. La luxation astragalo-scapho-calcanéenne interne étude expérimentale du mécanisme: à propos de 10 cas. Thèse médecine Montpellier. 1967.


5. Jarde O, Trinquier-Lautard JL, Mertl P, Tran Van F, Vives P. Subtalar dislocations: apropos of 35 cases. 1996;82(1):42-48. PubMed | Google Scholar


6. Meyer JM, Hoffmeyer P. La luxation sous-astragalienne. Med et Hyg. 1985;43:1520-2.


7. Norman B. Chirurgie des traumatismes du pied et de la cheville. Elsevier Masson. 2020. Google Scholar


8. Butel J, Et witwoet J. Les fractures et luxations de l´astragale; Rapport de la XII^ème reunion de la SOFCOT. Rev Chir Orthop. 1967;53:493-624.


9. Haliburton J, Barber JR, Fraser RL. Further experience with peritalar dislocation. Can J Surg. 1967;10:322-324. PubMed | Google Scholar


10. Kenwright J, Taylor RG. Major injuries of the talus. J Bone Joint Surg (B). 1970;52:36-48. Google Scholar