Intoxication à l´Ephedra alata (à propos d´un cas)

¹Pôle d´Anesthésie et de Réanimation, Hôpital Militaire d´Instruction Mohammed V, Rabat, Maroc

^&Auteur correspondant
Ayoub Boubekri, Pôle d´Anesthésie et de Réanimation, Hôpital Militaire d´Instruction Mohammed V, Rabat, Maroc

Introduction    

Nommée, Ephedra alata (Figure 1) elle est une plante herbacée appartenant à la famille des Éphédracées. Appelée Alanda au Maroc, elle est utilisée pour ses propriétés thérapeutiques. Cependant, elle peut être facilement toxique si elle est mal dosée. Nous rapportons le cas d'une intoxication à cette plante par une patiente qui avait présenté des complications neurologiques et cardiovasculaires.

Patient et observation     

Il s´agit d´une patiente de 70 ans, sans antécédent notable, admise initialement aux urgences pour prise en charge d´un trouble de conscience apyrétique, dont l´histoire de la maladie remonte au jour de son admission, à 8 heure du matin suite à une ingestion d´un litre de bouillon d´une plante médicinale nommée ‘Ephedra alata’ aboutissant à une altération de son état de conscience. Devant la non amélioration, la patiente a été ramenée aux urgences par sa famille 9 heures après. L´examen à l´admission objective une patiente inconsciente, score de Glasgow à 7/15 et une mydriase bilatérale associée, glycémie capillaire à 1,17g/l, tachycarde à 104 battements par minute avec une tension artérielle à 193/105 mmHg. Le reste de l'examen somatique était sans particularité. La prise en charge initiale a consisté en une mise en condition notamment une voie veineuse périphérique, oxygénothérapie, pose d´une sonde nasogastrique, intubation orotrachéale avec ventilation mécanique en se basant sur les critères neurologiques. Puis la patiente fut transférée en réanimation médicale pour complément de prise en charge, où elle a bénéficié d´une protection gastrique, de la nicardipine en pousse seringue électrique pour contrôler les chiffres tensionnelles, d´une surveillance biologique et électrocardiographique rapprochées. Par ailleurs les bilans biologiques, scanner cérébral ainsi qu´une échocardiographie sont revenus normaux. L'évolution était marquée par l´apparition d´une crise convulsive tonico-clonique généralisée qui a cédé après administration de benzodiazépine en intraveineux. Vingt quatre (24) heures après, la patiente fut extubée après réveil et stabilisation de son état hémodynamique, puis déclarée sortante dans les jours qui suivent après sensibilisation de la patiente et de sa famille.

Discussion     

L'homme a toujours eu recours aux plantes pour se soigner et lutter contre les maladies dans toutes les civilisations et dans tous les continents. Le Maroc par la richesse et la diversité de sa flore, constitue un véritable réservoir phytogénétique avec environ 4500 espèces et sous espèces de plantes parmi lesquelles Ephedra alata (Figure 1) [1]. Le genre Ephedra regroupe plusieurs espèces réparties sur plusieurs régions du monde, ce sont des petits arbustes persistants de la famille d´Ephedraceae. Elles sont presque toujours dioïques, avec des petites fleurs mâles groupées en chatons jaunâtres et des fleurs femelles ovales et subsessiles. Les tiges filiformes sont très ramifiées et articulées avec de nombreux nœuds. La partie aérienne constitue la partie toxique de l´éphédra. Elle contient l´éphédrine qui est l´alcaloïde majoritaire de cette plante (40 à 90% des alcaloïdes totaux) et dont la teneur est variable en fonction de l´espèce (0,5 à 2%). L´éphédrine est accompagnée de la pseudoéphédrine et des dérivés nor et N, N-diméthyl correspondants. Depuis des siècles, elle est utilisée en Chine pour lutter contre les allergies, l'asthme bronchique, les frissons, les rhumes, la toux, l'œdème, la fièvre, la grippe, les maux de tête, le rhume, la congestion nasale, les arthralgies et comme diaphorétique antiallergique [2]. Cependant, il peut en résulter une tachycardie, une hypertension, une hypersudation, une agitation et une insomnie [3, 4]. L'utilisation de l'Ephédra peut être associée avec des manifestations plus graves comme des arythmies, des atteintes myocardiques, des accidents vasculaires cérébraux [5]. Concernant notre patient, suite à une majoration de la dose, elle avait présenté des signes de toxicité neurologique manifestés par des convulsions cliniques et cardiovasculaire qui ont bien évolué sous traitement symptomatique.

Conclusion     

Ce nouveau cas de neurotoxicité et de toxicité cardiovasculaire devrait nous inciter à évoquer le diagnostic d´intoxication à l´Ephedra devant toute intoxication par les plantes avec comme tableau clinique un trouble de conscience associé à une hypertension artérielle, et de la nécessité de rationaliser et de codifier les prescriptions afin de lutter contre la banalisation de la consommation des plantes médicinales.

Conflits d'intérêts     

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

Contributions des auteurs     

Tous les auteurs ont contribué à ce travail et ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.

Figure     

Figure 1 : Ephedra alata

Références