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Case report

Kyste hydatique sous-cutané solitaire de la région fessière: cas clinique

Kyste hydatique sous-cutané solitaire de la région fessière: cas clinique

Solitary subcutaneous hydatitic cyst of the gluteal region: about a case

Mohamed Abdellaoui1,&, Meryem Edderai1

 

1Hôpital Militaire Mohammed V de Rabat, Rabat, Maroc

 

 

&Auteur correspondant
Mohamed Abdellaoui, Hôpital Militaire Mohammed V de Rabat, Rabat, Maroc

 

 

Résumé

Le kyste hydatique solitaire dans le tissu sous-cutané est rare, sa localisation fessière est exceptionnelle, même dans un pays endémique comme le Maroc. Le diagnostic est basé essentiellement sur les données de l´interrogatoire et de l´imagerie. Nous rapportons le cas d´un paysan de 45 ans, ayant comme antécédent une notion de contact avec des chiens. Il a consulté pour une tuméfaction indolore de la région fessière droite évoluant depuis 6 mois et augmentant progressivement de volume. Une TDM ainsi qu´une échographie des parties molles ont été réalisées, montrant une masse kystique sous-cutané multiloculaire à paroi épaissie évocatrice d´un kyste hydatique grade 3 de GHARBI. Une TDM thoraco-abdominale, à la recherche d´autres localisations, est revenu négative. Le patient a bénéficié d´un acte chirurgical, et l´étude histologique de la pièce opératoire a confirmé le diagnostic de kyste hydatique.


Solitary hydatic cyst in subcutaneous tissue is rare and its occurrence in the gluteal region is exceptional, even in an endemic country like Morocco. Diagnosis is primarily based on data from interview and imaging tests. We here report the case of a 45-year-old farmer with a history of contact with dogs. He consulted for painless swelling in the right gluteal region that had progressed for 6 months and had gradually increased in volume. Computed tomography (CT) scan and small parts ultrasound were performed, which showed thickened, multilocular subcutaneous cystic mass, suggesting hydatic cyst Type III (GHARBI). Thoraco-abdominal CT scan to localise other pathology sites was negative. The patient underwent surgery and histological examination of the surgical specimen confirmed the diagnosis of hydatid cyst.

Key words: Hydatid cyst, subcutaneous, gluteal, echography, CT scan, case report

 

 

Introduction    Down

La maladie du kyste hydatique est une infestation parasitaire causée par Échinocoques granulomes. C´est un problème de santé publique dans les pays méditerranéens. L´hôte principal est le chien, L´homme s´infeste accidentellement et devient l´hôte intermédiaire, par l´ingestion d´aliments souillés d´œufs du parasite ou par contact direct avec un chien malade. Le foie est l´organe le plus fréquemment atteint par le parasite (60 à 70%) suivie par les poumons (5 à 27%), la localisation primitive et isolée dans le tissu sous-cutané d´un kyste hydatique (KH) est exceptionnel, même dans un pays endémique comme le Maroc, le diagnostic est basé essentiellement sur les données de l´interrogatoire et de l´imagerie. Nous rapportons un cas d´un kyste hydatique sous-cutané solitaire d´un paysan de 45 ans, qui a consulté pour une grosse masse indolore de la région fessière, le diagnostic est fortement suspecté par une échographie et une TDM des parties molles et confirmé par une étude histologique après ablation chirurgicale.

 

 

Patient et observation Up    Down

Information de la patiente: il s´agit d´un homme de 45 ans, paysan, ayant comme antécédent une notion de contact avec des chiens. Il a consulté pour une tuméfaction indolore de la région fessière droite évoluant depuis 6 mois et augmentant progressivement de volume.

 

Résultats cliniques: l´examen clinique a retrouvé une masse sous-cutané siégeant dans la région lutéale droite, indolore, rénitente, peu mobile, sans signes inflammatoires en regard et sans adénopathies inguinales. La patiente était apyrétique avec conservation de l´état général.

 

Démarche diagnostique: une TDM de la hanche droite avec injection de produit de contraste a révélé une masse kystique sous-cutanée de la région fessière droite hypoténuse, à paroi épaissie non rehaussée après injection de produit de contraste, il mesurait 140 mm de grand axe (Figure 1). Un complément échographique a confirmé l´aspect multiloculaire en « nid d´abeilles » (Figure 2), et l´épaississement pariétal de la masse liquidienne (Figure 3). Le diagnostic d´un kyste hydatique stade III de GHARBI a été évoqué. Un bilan général comportant une TDM thoraco-abdominale, à la recherche d´autres localisations, est revenu négative.

 

Intervention thérapeutique et suivi: le patient a bénéficié d´un acte chirurgical et l´étude histologique de la pièce opératoire a confirmé le diagnostic de kyste hydatique (Figure 4).

 

 

Discussion Up    Down

L´échinococcose est une anthropozoonose cosmopolite, qui représente un véritable problème de santé au monde, elle sévit à l´état endémique essentiellement dans les pays d´élevage de moutons, notamment dans le pourtour méditerranéen, le Moyen-Orient et l´Amérique du Sud [1]. L´hôte définitif est le chien, l´hôte intermédiaire est le mouton. L´homme s´infeste accidentellement et devient hôte intermédiaire, par l´ingestion d´aliments souillés d´œufs du parasite ou par contact direct avec un chien malade, Les œufs du parasite ingéré pénètrent la paroi intestinale et emprunte le système porte pour se disséminer dans le corps. Cela explique la fréquence de l´atteinte hépatique (60 à 70% des cas) et pulmonaire (5-27% des cas) [2]. Ces deux organes constituent un double filtre physiologique à la dissémination du parasite, rendant ainsi ces localisations extra-hépato pulmonaires moins fréquentes [2]. La localisation sous-cutanée primaire du kyste hydatique est rare et ne représente que de 2,3% même en zone endémique [2]. La plupart des cas rapportés de kyste hydatique sous-cutané siègent par ordre de fréquence dans la cuisse (27%), la région hypogastrique [2] le thorax et la région de la tête et du cou, la localisation fessière est extrêmement rare (9% de la maladie hydatique sous-cutanée) [3]. Cela qui explique la particularité de notre observation, cliniquement il s´agit d´une tuméfaction indolore des parties molles, à croissance lente, sans altération de l´état général, Parfois, on peut retrouver un tableau de compression des structures adjacentes, ou encore une infection du kyste simulant un abcès [4]. La sérologie hydatique est peu sensible pour les localisations dans les tissus mous, vu la fréquence des faux négatifs. Cependant, cette sérologie peut être utile pour la surveillance du traitement lorsque qu´elle est positive [5].

 

L´échographie, est l´examen clé de l´orientation diagnostique. Elle permet de confirmer la nature kystique de la masse, la taille, le siège et le stade dans la classification de Gharbi. Sa sensibilité est de 100% lorsqu´elle visualise les Membranes proligères et les vésicules filles réalisant un aspect multiloculaire en « nid d´abeille » [5]; c´était le cas de notre patient. Cependant l´aspect peudo-tumoral du kyste et la non-identification des vésicules et des structures membranaires rend le diagnostic difficile [6]. La TDM est le meilleur examen pour déterminer les rapports locorégionaux de la masse et le site des lésions extra hépatiques, elle permet aussi de rechercher les complications comme l´infection ou la rupture du kyste [7]. Le type 4 de Gharbi (masse solide) pose le même problème de diagnostic différentiel qu´en échographie. L´imagerie par résonance magnétique est la méthode diagnostique de choix en pathologie hydatique des parties molles dès que l´échographie n´arrive pas à trancher. Elle permet une étude détaillée de la paroi en montrant un liseré périphérique en hyposignal relatif T2, et du contenu kystique notamment les vésicules filles et les structures membranaires. L´IRM permet également une meilleure analyse des rapports locorégionaux [6]. Chez notre patient, on n´a pas eu recours à une IRM, car l´échographie était très évocatrice d´un kyste hydatique. La meilleure option thérapeutique est l´exérèse chirurgicale du kyste intact pour éviter la récidive locale et le risque de choc anaphylactique [7]. Si l´exérèse est impossible, le contenu du kyste peut être aspiré en per opératoire ou sous guidage échographique puis irrigué avec une solution scolicidale [7]. Le traitement médical repose sur l'utilisation de l'Albendazole [1]. Néanmoins, le meilleur moyen pour lutter contre la maladie hydatique, quelle que soit sa localisation, reste la prévention [7].

 

 

Conclusion Up    Down

Le kyste hydatique solitaire dans le tissu sous-cutané est rare, sa localisation fessière est exceptionnelle. Le tableau clinique est pauvre et non spécifique. L´échographie, est l´examen clé de l´orientation diagnostique surtout devant les signes spécifiques, la TDM renseigne sur les rapports locorégionaux de la masse, le site d´autres localisations et la recherche des complications, l´IRM reste une alternative intéressante lorsque l´échographie n´arrive pas à trancher. Le traitement est chirurgical, mais le meilleur moyen pour lutter contre la maladie hydatique, quelle que soit sa localisation, reste la prévention.

 

 

Conflits d'intérêts Up    Down

Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

 

 

Contributions des auteurs Up    Down

Collecte des données: MA; analyse et interprétation des données: MA, ME; rédaction de l'article: MA. Tous les auteurs ont revise l´article et ont egalement approuvé sa version finale.

 

 

Figures Up    Down

Figure 1: (A,B) TDM de la hanche droite après injection de produit de contraste coupe coronale et axiale: masse kystique sous-cutanée de la région glutéal droite, bien limitée à paroi épaissie (flèche), multiloculaire (étoile)

Figure 2: échographie des parties molles de la hanche droite coupe axiale: masse kystique sous-cutanée multiloculaire réalisant un aspect en « nid d´abeille » (étoile)

Figure 3: échographie des parties molles de la hanches droite coupe axiale: paroi kystique épaissie estimé à 6 mm

Figure 4: coupe histologique de la pièce opératoire, hemalun eosine: mise en évidence du scolex et de la membrane anhydre du kyste hydatique

 

 

Références Up    Down

  1. Dawson JL, Stamatakis JD, Stringer MD, Williams R. Surgical treatment of hepatic hydatid disease. Br J Surg. 1988;75(10):946-50. PubMed | Google Scholar

  2. Dirican A, Unal B, Kayaalp C, Kirimlioglu V. Subcutaneous hydatid cysts occurring in the palm and the thigh: two case reports. J Med Case Rep. 2008 Aug 13;2:273. PubMed | Google Scholar

  3. Prousalidis J, Tzardioglou K, Sgouradis L, Katsohis C, Aletras H. Uncommon sites of hydatid disease. World J Surg. 1998;22(1):17-22. PubMed | Google Scholar

  4. Reza, khaniha B, Sirosbakht S. Coincidental hydatid cyst of skin and kidney: a very rare case report. Iran J Pathol. 2010;5(1):47-50. Google Scholar

  5. Orhan Z, Kara H, Tuzuner T, Sencan I, Alper M. Primary subcutaneous cyst hydatic disease in proximal thing: an unusual localisation: a case report. BMC Musculoskelet Disord. 2003 Nov 7;4:25. PubMed | Google Scholar

  6. Mekki RA, Souei MM, Allani M, Bahri M, Arifa N, Gharbi HJ et al. Kyste hydatique des tissus mous: apport de l´IRM (a propos de trois observations). J Radiol. 2005;86(4):421-425. Google Scholar

  7. Ormeci N, Idilman R, Akyar S, Palabiyikoglu M, Coban S, Erdem H, et al. Hydatid cysts in muscle: a modified percutaneous treatment approach. Int J Infect Dis. 2007;11(3):204-208. PubMed | Google Scholar