Une synovite villonodulaire localisée au coude : à propos d´un cas
Faten Frikha, Chifa Damak, Ghanem Feki, Mouna Snoussi, Raida Ben Salah, Zouhir Bahloul
Corresponding author: Faten Frikha, Service de Médecine Interne, CHU Hédi Chaker, Route El Ain 3029 Sfax, Tunisie
Received: 09 Mar 2020 - Accepted: 16 Mar 2020 - Published: 01 Feb 2021
Domain: Rheumatology
Keywords: Synovite villonodulaire, IRM, synovectomie, à propos d´un cas
©Faten Frikha et al. PAMJ Clinical Medicine (ISSN: 2707-2797). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Faten Frikha et al. Une synovite villonodulaire localisée au coude : à propos d´un cas. PAMJ Clinical Medicine. 2021;5:43. [doi: 10.11604/pamj-cm.2021.5.43.22246]
Available online at: https://www.clinical-medicine.panafrican-med-journal.com//content/article/5/43/full
Une synovite villonodulaire localisée au coude : à propos d´un cas
Villonodular synovitis of the elbow: about a case
Faten Frikha1,&, Chifa Damak1, Ghanem Feki1, Mouna Snoussi1, Raida Ben Salah1, Zouhir Bahloul1
&Auteur correspondant
La synovite villonodulaire (SVN) est une pathologie rare caractérisée par une prolifération bénigne de la synoviale, très agressive localement. Elle peut toucher les articulations, les gaines tendineuses ou les bourses et peut être localisée ou diffuse. La localisation au coude est rare. Nous rapportons une observation de SVN localisée au coude chez une femme jeune de 26 ans.
Villonodular synovitis (VNS) is a rare disease characterized by benign synovial proliferation, which can be locally aggressive. It can affect joints, tendon sheaths or bursae and it can be localized or diffuse. Villonodular synovitis of the elbow is rare. We here report a case of localized VNS of the elbow in a 26-year-old young woman.
Key words: Villonodular synovitis, elbow, MRI, synovectomy, case report
La synovite villonodulaire (SVN) est une hyperplasie idiopathique bénigne de la synoviale. C´est une pathologie rare classiquement monoarticulaire mais qui peut être polyarticulaire et diffuse. Elle peut toucher les articulations, les gaines tendineuses ou les bourses. Le diagnostic de la SVN constitue un challenge puisque en moyenne celui-ci n´est parfois posé qu´après des années de l´apparition des premiers signes cliniques. Nous rapportons une observation de SVN localisée au coude chez une femme jeune et rappelons les aspects cliniques et radiologiques de cette pathologie.
Une patiente, âgée de 26 ans et sans antécédents pathologiques, consulte pour douleur du coude droit. Cette douleur remonte à une année, apparue de façon progressive et sans notion de traumatisme. L´examen clinique révélait un flessum irréductible du coude droit de 15°. La mobilisation du coude était légèrement douloureuse. Le reste de l´examen ainsi que l´examen neurologique ne révélaient aucune particularité. Il n´y avait pas de syndrome inflammatoire biologique. La radiographie du coude objectivait une discrète réaction périostée lamellaire de l´épicondyle interne. À l´échographie, ils existaient deux formations hypoéchogènes profondes de part et d´autre de l´olécrâne. Une imagerie par résonnance magnétique (IRM) du coude droit a été donc réalisée (Figure 1) : épanchement intra-articulaire du coude en hyposignal T1, signal intermédiaire T2 avec des zones vides de signal mieux visibles en T2 EG évoquant des dépôts d´hémosidérine. Il existe une prise de contraste lésionnelle intra-articulaire. Le diagnostic d´une synovite villonodulaire (SVN) du coude droit a été évoqué. Une synovectomie à ciel ouvert a été réalisée. L´aspect macroscopique et l´étude anatomopathologique ont permis de confirmer le diagnostic de SVN avec certitude. L´évolution était favorable.
La SVN est une affection bénigne rare dont l´incidence annuelle est estimée à 1,8 cas par million d´habitants. Elle survient essentiellement chez l´adulte jeune entre la 3e et la 5e décennie comme chez notre patiente, et les 2 sexes sont également atteints. L´étiopathogénie de la SVN demeure inconnue, mais différentes hypothèses sont évoquées : un trouble local du métabolisme lipidique, une hyperplasie synoviale inflammatoire, des traumatismes répétés et des hémorragies. On distingue des formes localisées touchant les articulations, les bourses séreuses et les gaines tendineuses et des formes diffuses essentiellement intra-articulaires. Ces 2 formes ont les mêmes caractéristiques histopathologiques, mais elles sont différentes sur le plan clinique et pronostique.
La forme localisée représente 77% des cas intéressent essentiellement le genou. Les formes diffuses de la SVN atteignent essentiellement le genou dans 66-80% des cas, la hanche dans 4-16% des cas, puis la cheville, l´épaule et enfin le coude [1,2]. La localisation au coude est très exceptionnelle avec 25 cas rapportés dans la littérature [3]. Comme chez notre patiente, la symptomatologie clinique est très variable de caractère souvent trompeur avec un retard diagnostic. La biologie est habituellement normale, sans syndrome inflammatoire ni trouble de la coagulation ni anomalies immunologiques. L´IRM est l´examen de choix pour le diagnostic et le bilan d´extension préchirurgical et pour le dépistage des récidives. Trois types d´anomalies peuvent s´observer : l´épanchement intra-articulaire, l´épaississement de la synoviale et la mise en évidence de lésions spécifiques. La séquence en écho de gradient (EG) T2 montre des zones vides de signal crées par l´hémosidérine qui sont pathognomoniques de la SVN [4]. La biopsie synoviale réalisée sous arthroscopie ou à ciel ouvert, permet de poser le diagnostic de la SVN avec certitude. En fait, le diagnostic est histologique, car il révèle un tissu synovial papillaire hypervascularisé ainsi qu´un infiltrat inflammatoire chronique composé d´histiocytes spumeux, de cellules mononuclées, de cellules géantes, avec de nombreux dépôts d´hémosidérine [5].
Le traitement est mal codifié et il n´y a pas de consensus thérapeutique uniforme vu la rareté de cette affection. Dans les formes localisées, le traitement de choix est la synovectomie partielle sous arthroscopie. Dans les formes diffuses, le choix entre la synovectomie totale à ciel ouvert ou arthroscopique dépend du siège de la lésion. Le taux de récidive de l´affection est relativement élevé, variant énormément selon les sources, de 10 à 60% [4], selon le type de lésion (localisé ou diffus) et le caractère total ou pas de la résection.
La SNV est une affection rare, de diagnostic souvent difficile et retardé étant donné le manque de spécificité de la clinique. L´IRM est l´examen de choix au diagnostic mais le diagnostic de certitude sera émis après analyse anatomopathologique.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts.
Tous les auteurs ont contribué à ce travail. Ils ont lu et approuvé la version finale du manuscrit.
Figure 1 : IRM du coude droit en séquences pondérées T1, T1 FS et injection de gadoliniumet et T2 EG : épanchement intra-articulaire du coude en hyposignal T1, signal intermédiaire T2 avec des zones vides de signal mieux visibles en T2 EG évoquant des dépôts d´hémosidérine (il existe une prise de contraste lésionnelle intra-articulaire)
- Legré V, Boyer T, Dorfmann H, Lafforgue P. Tumeurs et dystrophies de la synoviale. EMC Appareil locomoteur. Paris: Elsevier Masson SAS, 2007:6-8.
- Wyatt MC, Rolton N, Veale GA. Pigmented villonodular synovitis of the elbow with a fenestrated fossa: a case report. J Ortho Surg. 2009 Apr;17(1):127-9. PubMed | Google Scholar
- Ramos MA, Balsini NE, Ramos F, Machado LG. Arthroscopic surgical treatment of pigmented villonodular synovitis of the elbow: case report. Rev Bras Ortop. 2016;12;51(4):478-81. PubMed | Google Scholar
- Warren Garner H, Ortiguera CJ, Nakhleh RE. Pigmented villonodular synovitis. Radiographics. Sep-Oct 2008;28(5):1519-23. PubMed
- Jaffe HL, Lichtenstein L, Sutro CJ. Pigmented villonodular synovitis, bursitis and tenosynovitis. Arch Pathol. 1941;31:731-65.