Epithéliopathie en plaque succédant un syndrome grippal: à propos d´un cas
Ahmed Ghazza, Laurent Meyer, Patrick Lenoble
Corresponding author: Ahmed Ghazza, Service d'Ophtalmologie, Hôpital Civil de Colmar, Colmar, France
Received: 23 Nov 2019 - Accepted: 13 Feb 2020 - Published: 01 Feb 2021
Domain: Ophthalmology
Keywords: Épithéliopathie en plaque, taches blanches au fond d´œil, infection virale, à propos d´un cas
©Ahmed Ghazza et al. PAMJ Clinical Medicine (ISSN: 2707-2797). This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution International 4.0 License (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, provided the original work is properly cited.
Cite this article: Ahmed Ghazza et al. Epithéliopathie en plaque succédant un syndrome grippal: à propos d´un cas. PAMJ Clinical Medicine. 2021;5:47. [doi: 10.11604/pamj-cm.2021.5.47.21070]
Available online at: https://www.clinical-medicine.panafrican-med-journal.com//content/article/5/47/full
Epithéliopathie en plaque succédant un syndrome grippal: à propos d´un cas
Placoid pigment epitheliopathy after flu
Ahmed Ghazza1,&, Laurent Meyer1, Patrick Lenoble1
&Auteur correspondant
L´épithéliopathie en plaques (EPP) est une entité pathologique spécifique appartenant au groupe des syndromes des taches blanches. Il s´agit d´une pathologie inflammatoire qui atteint essentiellement les sujets jeunes. Nous rapportons le cas d´un jeune de 32 ans présentant un tableau clinique d´une épithéliopathie en plaque succédant un syndrome grippal. L´acuité visuelle était de 1/50 à l´il droit (OD) et 6/10 à l´il gauche (OG). L´examen à la lampe à fente était normal. Le fond d´œil à droite retrouvait de multiples plaques blanc-jaunâtres multi cycliques confluentes par endroit prédominant au pôle postérieur (PP), en péri-maculaire et dans la rétine équatoriale, et à l´OG retrouvait une plaque au PP en temporale de la macula ainsi que quelques plaques en équatoriales. L´angiographie à la fluorescéine objectivait une hypo fluorescence précoce de ces taches avec hyper fluorescence intermédiaire et tardive débutant au centre. Ces plaques sont hypofluorescentes aux temps précoce et tardive à l´angiographie au vert d´indoyanine (ICG), de siège choroïdienne apparaissant plus nombreuses qu´en angiographie à la fluorescéine. À l´ Optical Coherence Tomography (optical coherence tomography) on retrouvait à droite un épaississement rétinien maculaire en regard des plaques avec altération de la ligne ellipsoïde, une hyper-réflectivité avec altération des couches externes et présence d´un décollement séreux rétinien (DSR) localisé avec quelques décollements de l´épithélium pigmentaire (DEP) séreux. Le patient a bénéficié d´un bilan infectieux et a été mis sous bolus de solumédrol par les internistes avec relais par voie orale de méthyl-prednisolone avec dégression progressive. L´évolution a été marquée 3 semaines plus tard, par la régression des lésions avec présence de lésions cicatricielles pigmentées et atrophie des couches rétiniennes externes et de l´épithélium pigmentaire. Sur le plan fonctionnel, nous avons noté la restitution de l´acuité visuelle à 10/10f à droite et 10/10 à gauche un mois et demi plus tard. Bien que l'étiologie exacte soit inconnue, il pourrait exister une association avec une maladie virale telle qu'une infection adénovirale. L´épithéliopathie en plaques est une pathologie le plus souvent limitée à l´œil, bien que de nombreuses associations aient été rapportées dans un contexte d´atteinte systémique. L´origine probable de cette affection serait due à une réponse inflammatoire localisée suite à une infection virale généralisée. Le pronostic visuel reste excellent dans la majorité des cas.
Placoid pigment epitheliopathy (PPE) is a specific disorder belonging to the white spot syndrome group. It is an inflammatory disease that mainly affects young people. We here report the case of a 32-year-old patient. Clinical examination showed placoid pigment epitheliopathy after flu. Visual acuity was 1/50 in the right eye and 6/10 in the left eye. Slit lamp exam was normal. Fundus examination showed multiple white-yellowish, multi-cyclic confluent placoid pigments predominantly in the posterior pole (PP), in the perimacular and equatorial retinal area. In the left eye it showed a placoid pigment in the PP at the temporal macula as well as some placoid pigments in the equator. Fluorescein angiography objectified early hypo-fluorescence of these spots with intermediate and late hyper-fluorescence starting at the center. These placoid pigments were early and late hypofluorescent on ICG in the choroidal region appearing more numerous than in fluorescein angiography. Optical coherence tomography (OCT) showed macular retinal thickening of placoid pigments with alteration of the ellipsoid line in the right region, hyper-reflectivity with alteration of the outer layers and localized serous retinal detachment (SRD) with some detachments of the serous pigment epithelial detachment (PED). The patient underwent assessment of infection and received bolus of solumedrol (prescribed by the internists) associated with oral methylprednisolone with progressive degression. Three weeks later, regression of lesions with pigmented scar lesions and atrophy of the outer retinal layers as well as of pigmentous epithelium was reported. From a functional point of view, visual acuity recovered (10/10 in the right eye and 10/10 in the left) 1 month and a half later. Although the exact etiology of this disease is unknown, there might be an association with a viral disease such as adenovirus infection. Placoid pigment epitheliopathy most commonly occurs in the eyes, although many associations have been reported with systemic disease. The possible cause of this condition is a localized inflammatory response following generalised viral infection. In most cases, visual prognosis is excellent.
Key words: Placoid pigment epitheliopathy, white spots on the back of the eye, viral infection, case report
L´épithéliopathie en plaques (EPP) est une entité pathologique spécifique décrite initialement par Gass en 1968 [1]. Elle appartient au groupe des syndromes des taches blanches [1]. Il s´agit d´une pathologie inflammatoire qui atteint essentiellement les sujets jeunes [2]. Nous rapportons le cas d´un jeune de 32 ans présentant un tableau clinique d´une épithéliopathie en plaque succédant un syndrome grippal.
Homme de 32 ans, admis pour baisse d´acuité visuelle brutale bilatérale, succédant un épisode infectieux virale. L´acuité visuelle était de 1/50 à l´OD et 6/10 à l´OG. L´examen à la lampe à fente était normal. Le fond d´œil à droite retrouvait de multiples plaques blanc-jaunâtres multicycliques confluentes par endroit prédominant au pôle postérieur (PP), en péri-maculaire et dans la rétine équatoriale et à l´OG retrouvait une plaque au PP en temporale de la macula ainsi que quelques plaques en équatoriales (Figure 1). L´angiographie à la fluorescéine objectivait une hypo fluorescence précoce de ces taches avec hyper fluorescence intermédiaire et tardive débutant au centre (Figure 2). Ces plaques sont hypofluorescente aux temps précoce et tardive à l´indocyanine green (ICG), de siège choroïdien apparaissant plus nombreuses qu´en angiographie à la fluorescéine (Figure 3). À l´OCT (optical coherence tomography) on retrouvait à droite un épaississement rétinien maculaire en regard des plaques avec altération de la ligne ellipsoïde, une hyper-réflectivité avec altération des couches externes et présence d´un décollement séreux rétinien (DSR) localisé avec quelques décollements de l´épithélium pigmentaire (DEP) séreux (Figure 4). Le patient a bénéficié d´un bilan infectieux (numération formule sanguine (NFS), vitesse de sédimentation (VS), protéine C-réactive (CRP), indice de distribution des globules rouges (IDR) à la tuberculine avec dosage du quantiféron et dosage des anca révélés négatif). Devant l´atteinte maculaire et la présence d´un DSR, le patient a été mis sous bolus de solumédrol par les internistes avec relais par voie orale de méthyl-prednisolone avec dégression progressive. L´évolution a été marquée 3 semaines plus tard, par la régression des lésions avec présence de lésions cicatricielles pigmentées et atrophie des couches rétiniennes externes et de l´épithélium pigmentaire. Sur le plan fonctionnel, nous avons noté la restitution de l´acuité visuelle à 10/10f à droite et 10/10 à gauche un mois et demi plus tard.
L´épithéliopathie en plaque (EPP) est une choriorétinite inflammatoire inhabituelle, spontanément résolutive, qui affecte la choriocapillaire et les couches rétiniennes externes [3]. Les manifestations cliniques sont principalement représentées par un blocs auriculoventriculaires (BAV) le plus souvent bilatérale avec un syndrome maculaire avec au fond d´œil présence de multiples plaques confluentes centrale et rétro équatoriale crémeuses d´un ¼ à 2 diamètres papillaires [2]. Le diagnostic est actuellement porté sur l´examen du fond d´œil et sur l´aspect angio-graphique. Le bénéfice des interventions thérapeutiques n´est pas clairement établi (corticothérapie et traitement immunosuppresseur) [2]. Bien que l'étiologie exacte soit inconnue, il pourrait exister une association avec une maladie virale telle qu'une infection adénovirale [4]. Dans la moitié des cas présentés par Ryan et Maumenee [5], il existait des manifestations prodromiques d'une maladie virale et l'association avec une infection bactérienne est également décrite. Le profil évolutif habituel de l´EPP est caractérisé par une résolution rapide des lésions observées au fond d´œil en 7 à 10 jours [3] avec une disparition des signes inflammatoires et une restauration décalée de l´acuité visuelle. Typiquement, l´affection se présente sous la forme d´une seule poussée évolutive, mais des récidives peuvent survenir dans les six mois suivants ou concerner le plus souvent l´œil adelphe [6].
L´épithéliopathie en plaques est une pathologie le plus souvent limitée à l´œil, bien que de nombreuses associations aient été rapportées dans un contexte d´atteinte systémique [2]. L´origine probable de cette affection serait due à une réponse inflammatoire localisée suite à une infection virale généralisée [7]. Le pronostic visuel reste excellent dans la majorité des cas.
Les auteurs ne déclarent aucun conflit d´intérêts.
Tous les auteurs ont contribué à ce travail. Ils ont et approuvé la version finale du manuscrit.
Figure 1 : suivi toutes
les 3 semaines des lésions d´EPP par photographie du fond d´œil
: présence de multiples plaques crémeuses multi cycliques confluentes
par endroit au PP et en rétro équatoriale à droite (A)
et d´une plaque blanc jaunâtres en temporo-maculaire avec une
plaque en nasal à gauche (B). L´évolution à 3
semaines après corticothérapie générale montrait
une régression des plaques avec présence de mottes pigmentaires à droite
(C), avec augmentation du nombre de plaques, qui deviennent pigmentés à gauche
(D). L´évolution à 1 mois et demi montrait une cicatrisation
pigmentaire de ces plaques (E,F)
Figure 2 : angiographie à la
fluorescéine montrait au temps précoce une hypo fluorescence des
plaques à droite (A) et à gauche (B), avec imprégnation
progressive
devenant hyper fluorescente à droite (temps intermédiaire (C),
temps tardif (D)) et à gauche (temps intermédiaire (E), temps tardifs
(F))
Figure 3 : angiographie
au vert d´indocyanine montrait au temps précoce une hypo-cyanescence
des plaques qui apparaissent plus nombreuses à droite (A) et à gauche
(B) ; ces plaques restent constamment hypocyanescentes à l´œil
droit (temps intermédiaire (C) et tardif (D)) et gauche (temps intermédiaire
(E) et tardif (F))
Figure 4 : suivi toutes
les 3 semaines des lésions d´EPP par tomographie par cohérence
optique (OCT-SD) : épaississement rétinien maculaire en regard
des plaques
avec altération de la ligne ellipsoïde, avec altération des
couches externes et présence de liquide sous rétinien à droite
(A), avec un profil maculaire normal à gauche au début (B). L´évolution
après 3semaines montrait une atrophie des couches rétiniennes externes
et de l´épithélium pigmentaire avec altération de
la ligne des photorécepteurs à droite (C) et à gauche (D).
Le suivi à 1 mois et demi objectivait une atrophie de l´EP et de
la rétine externe avec altération de la ligne ellipsoïde à droite
(E) et à gauche (F)
- Gass JD. Acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy. Arch Ophthalmol. 1968 Aug;80(2):177-85. PubMed
- Tonini M, Romanet JP, Chiquet CH. Chapitre 38 : épithéliopathie en plaques, rapport SFO uvéites 2016.
- Sergio Eustolio Hernández-Da Mota. Acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy Cirugía y Cirujanos (English Edition). March-April 2016;84(2):135-139. Google Scholar
- Thomson SP, Roxburgh ST. Acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy associated with adenovirus infection Eye (Lond). 2003;17:542-544.
- Ryan SJ, Maumenee AE. Acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy. Am J Ophthalmol. 1972 Dec;74(6):1066-74. PubMed | Google Scholar
- Ducos de Lahitte G, Fajnkuchen F, Giraud C, Chaine G. Épithéliopathie en plaque et mauvais pronostic visuel : à propos d´un cas. Journal Français d'Ophtalmologie. Juin 2004;27(6-C1):617-622. PubMed | Google Scholar
- Darin Goldman R.18.1.2: Acute posterior multifocal placoid pigment epitheliopathy atlas of retinal OCT: Optical Coherence Tomography. 2018;103-106.